Véronique Lauvergeat — Hypnose à Orléans

C’EST QUOI UN TRAUMA ?

27/01/21

LES 4 CARACTERISTIQUES D’UN TRAUMA

Qu’est-ce qui distingue un événement traumatique d’un événement non traumatique ?

Il y a plusieurs définitions, mais il y a quatre caractéristiques à rechercher lorsque l’on examine l’histoire. Si l’une de ces quatre conditions est remplie, le cerveau peut coder le souvenir comme un événement traumatique.

L’événement doit :

• Être une menace perçue pour la survie physique.
• Dépasser la capacité d’adaptation, induisant un sentiment d’impuissance.
• Produire un sentiment d’isolement, de solitude.
• Violer les attentes de la personne.

Examinons ces quatre points chacun à leur tour, en commençant par la menace perçue pour la survie.

Certaines menaces à la survie sont réelles. Si vous êtes dans un grave accident de voiture, vous faites l’expérience d’une menace réelle pour votre survie physique avec la possibilité de mourir. Si vous êtes victime d’un agresseur brandissant une arme, vous êtes confronté à une menace évidente pour votre survie physique. Ce n’est pas une opinion subjective, c’est une réalité objective.
De telles menaces réelles et objectives à notre survie physique sont généralement rares et espacées dans le temps. Nous pouvons avoir un seul accident de voiture sérieux dans une vie entière, ou une seule agression avec un assaillant armé. La plupart d’entre nous n’aura même pas une seule expérience de ce genre de toute notre vie. Pourtant, nous pourrons avoir beaucoup d’expériences subjectives que nous percevons comme des menaces pour notre vie.

Considérons une fillette de 4 ans dont le père est un alcoolique désoeuvré et dont la mère est violente. La mère crie régulièrement contre le père et le frappe de temps en temps avec ses poings. Chaque combat le conduit plus profondément dans la dépression. Une nuit, l’enfant est réveillé par le bruit de ses parents qui se battent dans la cuisine. Elle quitte sa chambre et jette un coup d’oeil derrière la porte de la cuisine. Sa mère brandit une bouteille en direction de son père. Sa mère l’aperçoit. Elle se tourne vers sa fille et reporte sa colère sur l’enfant. « Sors d’ici ou je te tue », hurle-t-elle.
En écoutant cette histoire (qui est une variante de nombreuses histoires de vie), nous pouvons évidemment être saisi-e par la violence mais nous savons qu’il y a un écart entre le dire et le faire. En revanche, l’enfant ne le sait pas nécessairement à ce moment-là. Un enfant prendra les propos de sa mère à la lettre. Il ne sait pas que sa mère ne parle pas littéralement, et qu’il est peu probable que celle-ci exécute sa menace. L’enfant est donc susceptible de percevoir l’événement comme une menace à sa survie physique, la première des quatre caractéristiques des événements traumatisants.

La deuxième caractéristique d’un événement traumatisant est qu’il submerge notre capacité d’adaptation, produisant un sentiment d’impuissance.

Une personne explique que lorsqu’elle avait 8 ans, sa mère a soudainement disparu. Son père ne lui a jamais fourni d’explication. Un jour, sa mère vivait avec eux, le lendemain elle n’était plus là. Peu de temps après, son père s’est remarié. Au début, elle était ravie d’avoir une belle-mère, mais sa joie a été de courte durée. Elle a rapidement découvert que sa belle-mère lui en voulait. Celle-ci se comportait froidement envers elle. Un jour, quand elle est rentrée de l’école, sa belle-mère lui a donné un coup et a dit : « Quitte cette maison ! Tu n’as rien à faire ici ! » La fillette désemparée a couru dans sa chambre et, quand son père est rentré à la maison, elle lui a raconté ce qui s’était passé. Son père a pris alors le parti de sa nouvelle compagne et lui a répondu : « tu n’aurais pas dû la provoquer. »

Ce type d’expérience correspond aux trois derniers critères pour les événements traumatiques. La petite fille a pris la ligne d’action la plus appropriée possible en disant à son père ce qui s’était passé. C’est ainsi qu’elle a essayé de faire face à l’agression et à la menace. La réponse de son père - en la blâmant - a submergé la capacité d’adaptation de l’enfant de 8 ans, qui s’est alors sentie impuissante.

conséquemment, elle s’est sentie isolée et seule dans sa souffrance, la troisième caractéristique des événements traumatiques.

L’expérience a également violé ses attentes, ce qui constitue la quatrième caractéristique. Les enfants ont naturellement l’espoir qu’ils seront protégés et défendus par leurs parents. Lorsqu’un parent nuit à l’enfant, ou ignore les torts causés à son enfant par quelqu’un d’autre (ou les valident), ce comportement viole les attentes de l’enfant.

Certaines personnes ont la capacité de faire face à des événements extrêmes, comme le viol ou la torture. D’autres sont traumatisées par ce qui pourrait apparaître comme un événement mineur. Et ce sont souvent ces événements qui sont les plus difficiles à traiter car ils passent inaperçus.

« Votre mère prépare un repas de fêtes particulièrement stressant pour un grand nombre, vous avez 4 ans et vous voulez qu’elle s’occupe de vous. Vous tirez sur son tablier, mais au lieu de vous prendre dans ses bras comme d’habitude, et pour la première fois, elle se retourne soudainement, vous crie dessus et vous envoie au lit sans dîner. À ce moment, les quatre critères du traumatisme ont été remplis. Si cela vous était arrivé à l’âge de 10 ans, vous auriez peut-être réussi à vous faufiler dans la cuisine, pour prendre un peu de nourriture et aller en parler avec votre soeur. Vous auriez pu aussi vous réconforter en jouant à un jeu vidéo. Avec l’âge, le réconfort de soi-même inclut généralement une plus grande variété d’options et de stratégies qui réduisent les chances qu’un problème de vie devienne un traumatisme. »

Mais à un âge plus précoce, sans ces ressources, vous êtes incapable de faire face. Le facteur crucial n’est pas de savoir à quel point un événement est traumatisant pour un observateur, mais plutôt comment il est interprété par la personne qui vit l’événement.

Même le retrait de l’attention parentale peut traumatiser un enfant. Dans une série d’expériences, on a demandé à des mamans de garder un « visage impassible », sans expression avec leurs jeunes bébés pendant une courte période de temps (Tronick, Als, Adamson, Wise et Brazelton, 1979, Tronick, 1989). Les bébés ont répondu immédiatement, même s’ils ne pouvaient pas encore marcher ou parler. Ils ont agité leurs mains, ont augmenté leur niveau de vocalisation, ont exécuté d’autres gestes « mignons » dont ils savaient par expérience qu’ils provoquaient une réaction émotionnelle de leur maman. Alors que leur mère restait toujours sans réaction, ils ont augmenté leurs efforts. Quand ceux-ci n’ont toujours pas réussi à susciter une réponse, les bébés sont devenus angoissés. Ils se sont finalement effondrés dans des pleurs incontrôlés, traduisant une perte de contrôle du système nerveux autonome - un puits d’effondrement.

Les expériences ont été répétées avec les papas, et dans différentes parties du monde, différentes cultures, avec le même effet. Ces études ont été surprenantes car elles ont montré qu’il suffit de "peu de choses" pour traumatiser un jeune enfant : le simple retrait de l’attention d’un parent ou de la figure d’attachement est suffisant. Les nourrissons ont une attente innée de recevoir un lien émotionnel de la part de leurs "donneurs de soins" (traduction littérale de "caregivers") qui désigne les personnes qui deviennent les figures d’attachement (généralement les parents, mais pas que) et quand cela est absent, leurs attentes sont violées.

Dawson Church raconte : « J’ai eu d’innombrables clients qui m’ont dit : « J’ai eu une belle enfance ! Personne ne m’a jamais battu, personne ne m’a jamais insulté, j’étais dans une famille aisée, je mangeais bien, je profitais des meilleures écoles possibles et des meilleurs parents du monde, mais je ne m’aime pas, je ne me sens pas « complète » et je crois que je ne peux pas être aimé. » La personne trouvera souvent à l’origine de ce sentiment, un retrait d’attention de la part des parents.

Les séances de thérapie sont "comme des fouilles archéologiques" pour découvrir l’ornière. Il s’agit de rechercher le traumatisme subtil qui proviendrait d’un environnement émotionnel qui ne répondrait pas aux besoins les plus fondamentaux : être vu, entendu et compris, être aimé de façon constante, avec des parents bienveillants, présents et engagés.

Cela comprend tous ces jeux que Papa a manqués (même s’il m’a acheté les meilleures chaussures et les plus beaux vêtements), toutes les nuits où Maman était dévorée par son travail et n’avait pas remarqué que je rentrais à la maison avec un oeil au beurre noir et tout le temps passé avec la nourrice ou la baby-sitter qui nous a élevés parce que maman et papa étaient en train de gagner plein d’argent.

Cela laisse l’enfant avec des croyances limitantes sur lui-même et le monde, même s’il n’y a pas ou peu d’événements que le client peut désigner comme objectivement traumatisants. Le patient conclut qu’il ne peut pas être aimé, qu’on ne peut pas faire confiance aux autres et que le monde n’est pas un endroit sûr.

Les enfants développent un sentiment d’estime de soi basé sur la façon dont les autres les traitent.